In his article, Frédéric Giet shows how Julien Friedler puts into practice the dialogues. Dialogue between its universe, his philosophical works and plastics works. This article refers to the exhibition « Dialogues » held in Sofia.
Sans doute est-ce une figure imposée dans lʼœuvre de Julien Friedler, qui a ciselé son art du dialogue au long de sa pratique de la psychanalyse et de la littérature. Ouvrons son «Livre du
Boz» et nous verrons cette maîtrise à lʼœuvre. Les clowns y tutoient les anges, la comédie burlesque donne la réplique au drame philosophique et la fiction poétique flirte avec lʼessai. Si
le dialogue y tient un si grand rôle, cʼest quʼil fait le lien entre la multitude de personnages, fictifs ou réels, premiers rôles et seconds couteaux, emblématiques ou iconoclastes, que
croisera le lecteur dans cette jungle dʼintrigues et de concepts.
Julien Friedler fait aussi converser lʼensemble de son œuvre littéraire avec son travail de plasticien. Ces deux pôles entrent profondément en résonance. Telle sculpture répond à un texte,
qui à son tour met en lumière une œuvre plastique. Cette série dʼéchanges, dʼinteractions, entre mots et icônes, entre concepts et œuvres a donné naissance à ce vaste univers hypertextuel
que lʼartiste a appelé Spirit of Boz.
Le dessein de cette exposition «Dialogues» nʼest pas tant cependant de se pencher sur ces relations, mais plutôt sur les liens que ce vaste corpus dʼœuvres tisse avec les projets Be Art, cette
série dʼœuvres collectives, qui occupent une place grandissante dans lʼœuvre de lʼartiste. Dans ces projets, lʼartiste nʼest quʼun initiateur, invitant les personnes qui le désirent, sans
distinction de race, de religion,… à apporter leur pierre à lʼédifice.
A priori, un abîme sépare les deux facettes. Dʼun côté, une série dʼœuvres personnelles, singulières, très intimes parfois, toujours fortement liées à la personnalité et au parcours de
leur auteur. De lʼautre, une masse de documents et dʼœuvres, issues de milliers de personnes à travers le monde, à travers une nouvelle approche artistique, qui peine à être appréhendée à
travers le spectre dʼappréciation et dʼanalyse traditionnel. Pourtant, comme le montre cette exposition, ce fossé est traversé de multiples passerelles, parfois improbables, que les
différentes œuvres jettent entre elles.
Ces véritables dialogues sont souvent intenses. Juxtaposer le Chaman peint par Julien Friedler et celui en chair et en os de la tribu des Asurini, cʼest confronter, à travers les ans et les
kilomètres, le rêve idéal de lʼartiste à la dure réalité de la perte des traditions et de lʼengloutissement par la mondialisation.
Lʼenfance occupe une part prépondérante dans lʼœuvre de lʼartiste, au point que celui-ci y consacre tout un cycle de peintures. Certaines de ces œuvres sont ainsi mises en relation avec des
dessins dʼenfants recueillis dans le cadre du projet «Le Clochard céleste» en Bulgarie, au Rwanda ou au Brésil.
Ce sera au spectateur de terminer le travail. A lui de tirer les conclusions de ces dialogues. Car lʼobjet de lʼexposition nʼest pas de clore le débat, mais au contraire dʼouvrir des
perspectives nouvelles, dʼapporter un «supplément dʼâme».
A travers lʼassociation «les Amis du Boz», quʼil vient de créer, Julien Friedler propose aux membres de poursuivre ces dialogues en sʼappropriant ses œuvres et ses concepts afin dʼen créer de
nouveaux. Lʼinvitation est ouverte à tout artiste extérieur qui voudrait sʼappuyer sur le corpus dʼœuvres pour rebondir et créer à son tour.